samedi 18 avril 2009

Le festival 2009 des Chimères de Bernicourt célèbre leu/loup !


Il y a un an, quand j’appris le thème du prochain festival, la justice et l’opinion françaises étaient secouées par un procès en annulation de mariage pour cause d’erreur et de mensonge sur une qualité essentielle de l’un des deux conjoints : la virginité de la femme...

Or, le loup pour une part, et la virginité de la femme comme qualité essentielle à une union, sont au cœur d’un conte médiéval que j’avais lu trente ans plus tôt.

Je le relus, j’y retrouvai le vœu de virginité, rejeté par la société courtoise (dont les héroïnes sont Iseut et Guenièvre, bien plus que des pucelles), qui coexiste dans ce conte avec le fantastique de la métamorphose, la lycanthropie du héros – mélange qui ne manque pas de sel.

M’ont immédiatement retenue, outre le rejet du vœu de virginité, les irruptions répétées d’un grand cerf, la décision – moralement incorrecte – de la dame, l’accent mis sur la solitude cruelle de l’homme devenu loup, déchu de sa condition humaine par la trahison de l’épouse.

On peut en lire au moins deux versions : le lai de Mélion, anonyme, et le lai du Bisclavret de Marie de France ; dans le lai de Marie de France, l’épouse est clairement adultère, et punie de sa trahison ; dans le lai anonyme, les choses me semblèrent moins univoques, suffisamment ouvertes en tout cas pour que j’y aperçoive ma propre version.

Imaginons que la dame ne ment pas – mais ne dit pas tout… Tout comme Mélion d’ailleurs, qui ne claironne pas au grand jour sa lycanthropie. Soulignons les aspects mélancoliques de Mélion (sa Mélioncolie), l’étrangeté intime et radicale de la dame, l’animalité insistante – lycanthropie, va et vient du cerf… Dans tout cela, un couple, les critères du choix prétendu de l’autre, la part d’ombre de chacun, forêt profonde, révélation, trahison, séparation...

C’est un conte, donc tout finira – bien ?!....


http://www.chimeres-bernicourt.com