dimanche 24 janvier 2010

Barbe bleue, poème expansé (2)

Sylvie Nève

 

1è partie

Il était une fois un homme

qui avait du bien,

héritage sans doute, vaisselles d’or

et d’argent, carrosses, passacaille,

demeures, passementeries,

meubles en broderies,

il était fort riche.

Cet homme,

pourvu qu’en somme, ou devenu riche,

à la ville, à la campagne,

roturier

plutôt que noble

un riche.

 

Mais la vie…

 

L’avait affligé

d’une marque, la vie,

qui lui

valait méfiance et rejet…

Nulle envie

au visage, ni lupus, ni tache de vin,

groseille ou framboise,

ni blanc, ni noir, ni rouge

le poil de sa barbe était

d’homme certes

mais passablement

bleu, et

si bien curieusement bleu qu’on l’appela

Barbe-Bleue.

 

Il était une fois un homme, un riche,

n’était le poil de sa barbe,

par malheur, bleu.

 

Terrible

et laide, cette barbe bleue ?

Si terrible laideur

que les femmes et les filles s’en

fuyaient quand

il

la Barbe-Bleue

paraissait…

 

C’est la Barbe-Bleue

c’est la Barbe-Bleue

pourquoi bleue 

 

c’est la Barbe-Bleue

c’est la Barbe-Bleue

sauve qui peut

 

Une voisine,

dame de qualité,

avait deux filles

à  marier.

Deux filles

très

belles.

 

Voisine, noble,

à qui la Barbe bleue demande

en mariage

l’une de ses deux

filles,

celle qu’elle choisirait.

Sans dot, les filles,

pauvre, la mère,

quoique noble.

 

« Choisissez,

j’épouserai

celle que vous voulez »…

 

Certes argent

mariage

mais…

 

c’est la Barbe-Bleue

c’est la Barbe-Bleue

remarie qui veut

 

C’est la Barbe-Bleue

c’est la Barbe-Bleue

sauve qui peut 

 

Cette mère

noble pauvre

et veuve.

Ses filles

belles pauvres

à marier.

Cet homme

qui en a pour son argent.

 

Elle s’adresse d’abord à l’aînée : « Mariez-vous, ma fille,

vous aurez satisfait une mère, une sœur,

et vous aurez surtout satisfait l’honneur

d’être femme. »

 

L’aînée prévient sa sœur :

« Notre mère, petite sœur,

la Barbe-Bleue… »

 

Il était une fois

aînée, cadette, mère

pauvres,

nobles mais pauvres.

 

La plus jeune se dérobe :

« Ma sœur Anne, faites-lui voir

que nous sommes à peine en âge

de nous marier… »

 

L’aînée proteste :

« Ah Mère, notre mère,

comment pouvez-vous

nous faire part

d’une telle demande

en mariage…

Mère, nous marier ?!

Notre mère nous marierait à cet homme ?

Comment imaginer

que l’une de nous

ne répugnerait  

de satisfaire

à cette demande

satisfaire

votre volonté

satisfaire

cet homme

à la barbe bleue… ?

Amère consolation

que de vous satisfaire… »

 

La puinée répète : « Sommes-nous en âge, déjà, de nous marier ?… »

S’étonne ou feint : «  Mère, voudriez-vous vraiment

que l’une de nous deux épousât un homme à la barbe bleue ?

Sommes-nous en peine de nous marier ? »

L’aînée enfin : « Nous refusons, Mère !

N’était sa barbe bleue,

son veuvage, maintes fois renouvelé,

ne nous dit rien qui vaille…

Quel sort s’acharne à le rendre veuf,

et sans enfant,

ou bien, quelle part prend-il à ce mauvais sort… »

« Oui, Mère, s’exclame la cadette,

ce qui nous dégoûte enfin

c’est de ne pas savoir

ce que ses femmes sont devenues ... »

 

C’est la Barbe bleue

c’est la Barbe bleue

remariera pas qui veut

(…. à suivre)

dimanche 3 janvier 2010

Barbe bleue, poème expansé (1)

Prologue

 

Il était une fois

un homme

une jeune fille

homme mûr, couteau

pire

goût, sang

il était une fois…

.

Il était une fois

argent, mariage

il était une fois

coutelas, vie

sang qui se mire

sang qui reflète

il était une fois…

.

Il était une fois

un homme

homme riche, à la ville

à la campagne, vaisselles d’or,

d’argent, coffres, carrosses,

riches bijoux, d’or et d’argent,

à la ville, à la campagne

il était une fois

pas un sang bleu.

.

Il avait en tout

de l’or,

de l’argent,

de l’esprit,

noir dessein,

une barbe,

bleue.

.

Il était une fois deux

jeunes filles nobles

pauvres

à marier

il était une fois

désobéir

à temps.


Il y avait en tout

cet homme,

une mère,

deux filles,

des portes,

des clés, sept,

épouses,

secret.

.

Il était une fois cet homme

riche, très riche,

qui avait au visage

le poil bleu.

Des biens, des femmes,

bien des femmes.

Combien de femmes ?

.

Il était maintes fois veuf

cet homme à la barbe étrange

.

étrangement

. bleue.

… (à suivre)