mercredi 17 décembre 2008

Mettre des mots sur ça

Nouvelle parution




Mettre des mots sur ça

de Sylvie Nève


est le 32è livret de la collection “Pamphlet”
de L’ANE QUI BUTINE
28 rue du Chemin de Fer, 7700 Mouscron - Belgique


Marché de la poésie

Place St-Sulpice
à Paris,
au Marché de la poésie

Françoise Favretto

Christophe Manon

Sylvie Nève

Valérie Rouzeau

lisent Michel Valprémy et Hélène Mohone

vendredi 20 juin

à 2 0 h


Duo Peau d’âne, Sylvie Nève et Sylvie Reynaert

Une création dans le cadre de la 3è édition du Festival Les Chimères de Bernicourt, le 8 mai 2008 à Roos-Warendin

Sylvie Nève : poète, lecteur
Sylvie Reynaert : compositeur, percussionniste






langue, lames, peaux
poésie, conte, vibraphone, accessoires














Il était une fois…
un duo à fleur de peaux

Peau d’âne, poème expansé

Editions Trouvères & compagnie, Lille 2008



Il était une fois… Peau d’âne
Il était une fois une reine mourante qui fait promettre au roi qu’il ne se remarierait qu’avec princesse plus belle et plus sage qu’elle. Le roi, d’abord veuf éploré, songe assez vite à convoler, mais comment ? Las de chercher, c’est au coeur même de son château qu’il trouve princesse plus belle et plus sage : sa fille ! Pour échapper aux desseins paternels, la jeune fille consulte sa marraine, la fée des lilas, qui n’est pas à cours d’idées. Le chemin du conte est tortueux – qui reconnaîtrait une princesse sous la peau de l’âne ? Un prince charmant, bien sûr…

Peau d’âne, depuis Perrault…

Depuis des lunes, les contes se transmettent et circulent. Perrault et son fils en ont fixé une dizaine en les écrivant ; la postérité n’a gardé que le nom du père. La reprise de Poucet, Peau d’âne, ou Chaperon rouge, est indéfinie et permanente ( films, réécritures, opéra…), et échappe aux édulcorations successives (du ‘mignon’ au ‘sans saveur’) dans lesquelles on a pu les enfermer.
Ainsi, quand Jacques Demy, de retour des Etats-Unis au début des années 70, projeta de réaliser Peau d’âne , il eut bien du mal à convaincre des producteurs – Walt Disney n’était-il pas là pour cantonner l’adaptation du conte à un produit commercial pour enfants ? Heureusement, Jean Marais et Catherine Deneuve n’hésitèrent pas un instant, et soutinrent Jacques Demy, qui put tourner sa version de Peau d’âne : un film sur le désir – ses inconvenances, sa brutalité, ses rutilances, ses péripéties – pour tous les amateurs de cinéma. Et pour tous les amateurs du conte, jeunes et moins jeunes confondus.
Quand Sylvie Nève réécrit Peau d’âne, elle commence par relire la version de Charles Perrault, et, poète, elle réécrit le conte en vers – pour tous ceux, moins jeunes, ou jeunes, qui veulent entendre et lire de la poésie tramant l’histoire et la langue du désir, ses rebondissements, ses tours et ses détours.

Bien qu’édulcorées au fil des éditions, les versions successives ne sont pas parvenues à rendre le conte tout à fait lisse, destiné aux seules oreilles enfantines – comme si les enfants s’en laissaient conter. En outre, quand Perrault amena le recueil à la Cour, la Grande Mademoiselle, à qui le recueil était dédié, n’était plus du tout une petite fille : la princesse avait 19 ans, et son charme et sa vivacité d’esprit étaient connus et appréciés… Perrault n’amène pas à la Cour des petites histoires lisses à l’usage des plus jeunes.

Remettons un peu les pendules des contes à l’heure : d’une part, les plus jeunes ne sont pas ignorants des rugosités et des dissonances de la vie – maltraitance, mort, inceste, etc. ; d’autre part, les plus âgés ne détestent pas se rappeler que, malgré les rugosités et les dissonances, réelles et fantasmées, ils ont trouvé leur chemin.

Extrait

Il était une fois
poils, cailloux
bijoux, fées, foi d’animal
roi et reine aux temps chauds
ne songeant qu’au
bonheur.

Il était une fois
un roi grand, aimant
sa bien-aimée, reine
union oh parfaite
enfant désiré qui naquit
fille.

Une fille !
Douce
douée
une fille
douce douée
de tant de grâces
et de charme
– oh l’unique fruit
de leur consentiment !

Il était une fois un homme, une femme
roi, reine, une enfant
belle enfant, douce peau
trop jeune, seule, pour perdre ses rêves.
Ils étaient fort riches
bijoux, cigogne, loups anciens
ce roi, cette reine, et leur fille
rêvaient richement.

Mais destin, destin
est seulement maître !

Il était une fois bonheur, magnificence, union parfaite
tendre hyménée, belle enfant, seul fruit
de ce mariage, si douée, charmante
et belle, et un palais, et des ministres
sages, habiles, vertueux
et courtisans, et abondance
et fidélité, sagesse, vertu
et un âne.

Un âne
pas comme les autres
un âne
hi-han
ne chiant
pas comme les autres
un âne
chi-ant
magique-ment
en ce temps là
un âne
hi-han
chi-ant
nulle
ordure !



Questions à Arthur Rimbaud

Questions à Arthur Rimbaud en bordure de l’étang de Feuchy, au salon du livre d’expression populaire du 1er mai 2007.

Questions à Arthur Rimbaud, lues avec la complicité de Stéphane Verrue et Ricardo Montserrat.

Les photos sont d’Armelle Crépin.


Extraits des ‘Questions’

Arthur Rimbaud,
un instant si vous le voulez bien, depuis quelques temps
j’ai des questions à vous poser :

Avant tout, partons-nous toujours pour Aden ?
Descendrons-nous des fleuves impassibles ?
Voyez-vous très franchement une mosquée à la place d’une usine ?
Regrettez-vous l’Europe aux anciens parapets ?
Fixez-vous des vertiges ?
Europe, Asie, Amérique, dans un brouillard d’après-midi tiède et vert ?
Arras, Harrar, Aden – Éden pas mûr ?
Est-ce de la poésie ?
(…)

Arthur Rimbaud, quelle surprise !
Circulerait-il pas cette étonnante nouvelle :
on dit probable votre venue à Arras !?
Vous voulez revenir à Arras ?

En train , comme la première fois ?
Mais seul ?
Pensez-vous y séjourner plusieurs jours ?
Mais après, dites, partons-nous toujours pour Aden ?
Vous n’avez pas oublié ?
Ce voyage dont nous sommes convenus depuis un certain temps…
Descendrons-nous bientôt les fleuves impassibles ?
Verrons-nous fermenter les marais énormes ?










Sylvie Nève (1959), poète


sylvie-neve@club-internet.fr


Sylvie Nève vit et travaille à Arras.

Elle a collaboré depuis 1976 à de nombreuses revues de poésies, et a publié une dizaine de recueils.
A partir de 1980, elle pratique régulièrement la lecture publique, seule ou en duo avec Jean-Pierre Bobillot, dans les Maisons de la culture, théâtres, Ecoles d’Art, musées, Centre Georges Pompidou, galeries, etc.
Elle a participé en 2004 au festival international des « Voix de la Méditerranée » à Lodève.

La poésie médiévale occupe une place particulière dans son engagement littéraire ; avec Jean-Pierre Bobillot, elle a d’abord traduit et adapté Les Congiés de Jean Bodel (XIIème S.), et elle travaille actuellement à la traduction des Congiés de Baude Fastoul ( XIIIème S.), dont il n’existe aucune traduction publiée. Le sujet de ces poèmes inaugure la tradition du Testament (reprise par François Villon au XVème S.) : le poète condamné attend la mort en s’adressant aux vivants. Jean Bodel, trouvère célèbre mais devenu lépreux, est exclu, condamné à mourir hors la ville, il rédige alors un ultime texte, ses Congiés, qu’il adresse à ses mécènes et à ses amis. Baude Fastoul, un siècle plus tard, connaît le même sort, et rédige à son tour ses Congiés.
Le metteur en scène Stéphane Verrue a donné à entendre un parcours de ces poèmes (des Vers de la mort d’Hélinant de Froidmont – dans une traduction de Sylvie Nève – aux Congiés de Bodel et de Fastoul) en juin 2006 (saison 2005-2006 du Théâtre d’Arras).

En 2001, Sylvie Nève a composé un recueil de poèmes consacré à son enfance en pays minier, Suite en sept sales petits secrets.

En 2006 est paru Erotismées, un ensemble poétique qui décline le repli intime de la langue.

Sylvie Nève écrit sur la Bande de Gaza – poème qui a donné lieu à un oratorio créé par le compositeur Eric Daubresse en avril 2007. Parce que Gaza est devenu un bruit dans les bruits du monde, Sylvie Nève veut faire entendre Gaza autrement : « Pour rêver Gaza, redevenue bande verte entre la mer et le désert, entre l’Occident et le monde arabe, à deux pas de l’Egypte d’Oum Kalsoum, pour que les vers de Mahmoud Darwich rencontrent plus d’échos que les accents d’Al Quaïda, j’écris sur Gaza ». Le compositeur et musicien Eric Daubresse, qui mène à l’Ircam des recherches sur la voix, s’est proposé d’allier au poème la création musicale : la forme de l’oratorio – pour faire entendre ce qui bruit à Gaza…
Le Théâtre d’Arras et La Muse en circuit ont soutenu cette création qui a été reprise à la MAC de Créteil en juin 2007.

Sylvie Nève pose aussi, inlassablement, en vers, des Questions à Arthur Rimbaud.
Et depuis 2002, elle propose des lectures publiques de ses réécritures en vers de trois contes de Perrault : Poucet, Peau d’âne et Barbe Bleue.
Le Poème du petit Poucet, éd. Trouvères&compagnie, 2007.
Vient de paraître Peau d’âne, éditions Trouvères&compagnie, 2008.



A publié, principalement :

Anonismes, Le Lumen, Beauvais (1980 : vers, prose, photographies) ;
Effraction (les sales petites rides), Brandes, Béthune (1986 : avec J.-P. Bobillot ; vers),
Erotismée, Électre, Saint-Nicolas lès Arras (1987)
Une Descente aux enfers, La Poire d’Angoisse, Boulazac (1986 : prose, pho­toco­piages) ;
Libretto, ma non troppo, L’Atelier de l’Agneau, Ougrée [B] (1988 : avec J.-P. Bobillot ; textes de scènes, photo­matons) ;
Électre & Cie [cassette 46’], Électre (1989. avec J.-P. Bobillot) ;
Poésie syllabique (fragments), La Main Courante, La Souterraine (1991 : avec J.-P. Bobillot ; vers, arithmo­gramme ; intervention plastique de Jacques Taris) ;
L’Homme qui sue, Ed. de Garenne, 1991 ;
Chichi le chevalier trempé, Cordialité de la rouille (1991 : avec Michel Valprémy) ;
L’Écume des Mots — petit lexique à quatre mains, Plein Chant, Bassac (1992, avec J.-P ; Bobillot ; proses ; 7 écumes de Jean-Luc Brisson) ;
De Partout, Les Contemporains, 1992 ;
Les Congés de Jean Bodel « entremis » de l’ancien français, Centre Régional de la Photographie Nord/Pas-de-Calais, Douchy (1993 : avec J.-P. Bobillot ; traduction ; photogra­phies de Marc Trivier) ;
PoèmeShow — textes de scènes [+ CD], Les Contemporains fa­voris (2000 : avec J.-P. Bobillot ; textes de scènes + cahier photographique) ;
Suite en sept sales petits secrets, L’Atelier de l’agneau (2001) ;
Érotismées, L’Atelier de l’A­gneau (mars 2006) ;
Poème du Petit Poucet, Trouvères&compagnie (mai 2007) ;
Peau d’âne, poème expansé, Trouvères&compagnie (mai 2008) ;
Mettre des mots sur ça, L'âne qui butine, coll. Pamphlet (2008)
Bande de Gaza, Atelier de l'Agneau, coll. Architextes (2015)

Derniers livre-objets :

Gisants, Mieille Desidéri, Gérard Duchêne, Lucien Suel, Sylvie Nève, 2002 ;
Les Congés, Jean Bodel, Jean-Pierre Bobillot, Sylvie Nève, Luc Brévart, J.C.Ourdouillie, P. Vandrotte, 2002 ;
Nos beaux corps, Mireille Désidéri, Sylvie Nève, 2004 ;
Fragments romains, Mireille Désidéri, Gérard Duchêne, Lucien Suel, Sylvie Nève, etc., 2006 ;

Principaux volumes collectifs :

Une coupe au Nord, Ecbolade, 1994 ; Poèmes accordés, Marais du livre, 2002 ; Polyphonix, Centre Pompidou, Léo Scheer, 2002 ; La voix osseuse, Sils Maria, 2003 ; Balade en Pas-de-Calais, Sur les pas des écrivains, éd. Alexandrines, 2006 ;

Quelques publication récentes en revues :

Mon Rimbaud, poème expansé du Dormeur du val, dans Parade Sauvage, déc 2004 ; Questions à Arthur Rimbaud, extraits, dans Action Poètique, déc 2004 ; Peau d’âne, dans L’Enfance, avril 2005 ; Questions à Arthur Rimbaud, dans Le Fram, été 2005 ; La crème des souvenirs, dossier Tartalacrème, dans Fusées, sept 2006 ;


Principales lectures/actions avec Jean-Pierre Bobillot :




Show F.R.I.A.N.D.I.S.E.S, Maison de la Culture d’Amiens (« Jongleurs d’Arras, Joueurs de Nièvre », autour de la revue In’hui : 6.12.1980) ; Lecture/Performance, Galerie Déclinaisons, Rouen (4.12.82) ; 25 minutes pour 25 Mensu, École des Beaux-Arts de Paris (« Action / lecture (autour de la revue 25) » : 26.6.83) ; PoèmeShow, Préau des Livres, Arras (19.6.84) ; Intégraal PoèmeShow Klipwerk, Saint-Quentin de Caplong (« 1e rencontre des amis de 25 » : 25.7.84) ; PoèmeShow, Salle Baltard, Lille (1.6.85) ; PoèmeShow revisited, Saint-Quentin de Caplong (« 2e rencontre des amis de 25 » : 28.7.85) ; PoèmeShow, Cirque Divers, Liège [B] (30.11.85) ; Orlando Moroso, Librairie Pré-texte, Liège [B] (13.9.86) ; Cracking vocals, Saint-Quentin de Caplong (« 4e rencontre des amis de 25 » : 1.8.87) ; « Nord pluriel », Centre Georges Pompidou, Paris (« Revue parlée », ainsi que J-P. Verheggen, É. Clémens : 5.10.87) ; PoèmeShow, Hôtel Beaulaincourt, Béthune (17.11.87) ; Place Saint-Sulpice, Paris (« 6e Marché de la Poésie » : autour de la revue M25 : 24.6.88) ; Orlando Moroso, Robin, Villegouge (chez M. Valprémy : 23.7.88) ; PoèmeShow, Au Gazier, La Tirmande (15.10.88) ; PoèmeShow, Confluences, Paris (16.1.89) ; Dadamix, Maison des Écrivains, Paris (« Polyphonix 14 », ainsi que Br. Montels, P. Beurard-Valdoye : 12.6.89) ; Dadamix,, Saint-Quentin de Caplong (« 6e rencontre des amis de 25 » : 29.7.89) ; PoèmeShow, La Tirmande (chez Alain Suel, ainsi que Ferdinand et les Philosophes : 1.4.90) ; Dadamix, Bibliothèque de la Part-Dieu, Lyon (« L’Écrit-parade » : 13.6.90) ; Dadamix, La Tirmande (chez A. S., ainsi que Die Vögel Europas : 1.6.91) ; Vers de la Mort & Prose des Rats, Place de la Vaquerie, Arras (« Chants inouïs », ainsi que L. Suel, I. ch’Vavar : 7.6.92) ; Dadamix, Robin, Villegouge (chez M.V. : 18.7.92) ; Dadamix, École Estienne, Paris (17.11.93) ; Les Congés de Jean Bodel, Musée des Beaux-Arts d’Arras (avec J. Cavory, A. Berthoud, L. Suel : 9.1.94) ; Dadamix + Grabinewlor (solo) + PoèmeShow, Bibliothèque de la Part-Dieu, Lyon (« L’Écrit-parade : Dada & fils », ainsi qu’I. Gillet, Ursonate : 23.2.94) ; Dadamix / PoèmeShow, Galerie Zographia, Bordeaux (12.4.94) ; Dadamix / PoèmeShow, Place Saint-Sulpice, Paris (« 13e Marché de la Poésie » : 23.6.95) ; PoèmeShow / Dadamix, Université d’Artois, Arras (« Poésie sonore, poésie action, etc. », ainsi que B. Heidsieck, Chr. Prigent, L. Suel, Chr. Tarkos : 26.3.97) ; Les Congés de Jean Bodel, Église Saint-Nicolas en Cité, Arras (avec J. Cavory, L. Suel, S. Vasey + D. Dupire, orgue : 30.1.98) ; lectures et performances dans le cadre du colloque Poésie sonore / Poésie action Cerisy-la-Salle (ainsi que Julien Blaine, Bruno Montels, etc. 08.99). Médiathèque François-Mitterrand, Poitiers (« Poésie sonore », ainsi que S. Diesner : 26.1.01) ; Les Congés de Jean Bodel, Poitiers (Avec Jacqueline Cavory, Pierre-Marie Joris : X.9.04) ; Les Congés de Jean Bodel & de Baude Fastoul, Musée d’Arras (Avec Olivier Brabant, Jean-Pierre Martin : « Nuit des musées », ainsi que Diabolus in Musica : 14.05.05) ; Les Congés de Jean Bodel & de Baude Fastoul, Clos Thou (avec Lena Pasqualini : « Poésie dans les chais », 10.9.05) ; etc

Vers de terre

Mont-Saint-Éloi, un dimanche à la campagne (62)









dimanche 26 août 2007
Lucien Suel + Sylvie Nève
partenariat de ACTe et Musique en roue libre


Argument


Mont-Saint-Éloi, village qu’on ne présente plus sur la chaussée Brunehaut, accueille le festival « Ruréalités ». Poésie, musique et performances sont au menu.
Dès 10 h 30 dans l’église d’Écoivres-Mont-Saint-Éloi, lecture poétique avec Lucien Suel : un poème inédit sur Mont-Saint-Éloi. « Mont-Saint-Éloi, Lucien lira ensuite des extraits de « Canal Mémoire ».
Toujours dans l’église à 11 h, concert « clavecin et flûte à bec, baroques et contemporains ». À 12 h 15, Sylvie Nève s’installe entre l’église et les tours pour une lecture-performance poétique. Suivent le repas et des petites formes musicales avant un concert au bistrot : « Vagabondages » à l’Auberge de l’abbaye. Lucien Suel revient à 16 h pour une performance poétique avec notamment un hommage à François Hennebique, originaire de Neuville-Saint-Vaast et inventeur du béton armé. N’oublions pas la vente aux enchères du livre de M.-C. Dubois à l’Auberge de l’abbaye. Saxophones et clarinette se hissent à 17 h 30 sur la ruine perchée ; concert de clôture à 17 h 30 dans l’église de Mont-Saint-Éloi : « Musique en roue libre » (Biber, Bach, Brahms…).
Ce dimanche à la campagne s’achève en beauté et en… « bal bœuf Renaissance » à l’Auberge de l’abbaye !


Reportage


Lucien Suel complètement piquet !

Sylvie Nève lit et plante ses vers de terre…

Poème “concret” de Sylvie Nève

Erotismées







paru en 2006

A commander aux Ateliers de l’Agneau

J’écris par la bouche

J’écris

par la

par le

par ci

par là

de-ci

par ici

par ceci

par cela

par delà

par dessous

par étapes

de bon gré

malgré ce

tout cela

que je me

là depuis

bien longtemps

c’est pourtant

chaque fois

un temps

pas le temps

chaque jour

il est temps

et bien temps

je tiens bon

c’est trop tard

taraudée

marathon

toujours trop

mais tant que

par la voix

parcheminent

mes écrits

donc je ris

donc je crie

ça j’écris




J’écris

par Rimbaud

Baudelaire

Sigmund Freud

Paul Verlaine

Franz Kafka

Gertrude Stein

B. Heidsieck

Marcel Schwob

Bobillot Robbe-Grillet

Diderot

Jean Bodel

Jean Racine

Jean-Baptiste

Poquelin

dit Molière

et Montaigne

Mallarmé

Marguerite

Moreno

Marguerite

de Navarre

et Turold




J’écris

de par qui

de par quoi

de partout

de parmi

depuis tant

de toute part

de jadis

de sitôt

de tout coeur

de mon sexe

de savoir

de vouloir

de penser

d’un certain

ton de dire

de la vie

de ce que

de chez moi

de mon âge

de ne plaire

d’accommo-

der ma face

de mots mauves

d’idées fauves

c’est-à-dire

d’idées rauques

animées





Début du poème inédit J’écris par la bouche

mardi 16 décembre 2008

Poème du petit Poucet



Il était une fois Sylvie Nève… par Hervé LEROY

Un plaisir pour dormir d’une oreille
A mains nues… La voix.

Depuis plus de 25 ans, Sylvie Nève vit et travaille à Arras, ville-berceau de la poésie française entre Jean Bodel, Baude Fastoul et Adam de Halle. Poète, médiéviste, psychanalyste, son travail actuel la mène autant à mettre en vers le Petit Poucet, Barbe Bleue ou Peau d’âne, qu’à écrire sur la chanteuse égyptienne Oum Kalssoum et sur Gaza… « devenu un bruit du monde ».
Depuis 1978, Sylvie Nève donne à entendre ses textes sur scène, dans les théâtres, les musées ou les lieux les plus insolites. Partout, elle impose une douce et violente présence. Celle de la poésie. Celle d’une femme qui n’abdique rien. Le poète gratte le réel, gratte encore, s’obstine, sollicite les possibles, va jusqu’aux limites de la corde tendue, cherche le sens de chaque mot dit. Tout est à revisiter.

Il était une fois
cailloux, père, mère
il était une fois
pire, peur, silex
il était une fois…

Dans Poème du petit Poucet, Sylvie Nève, écrit, réécrit, revisite « le conte d’un qui, ne dort pas, qui n’en démord pas de vivre. » Son petit Poucet est une scansion, une ode à l’ouïe, une pulsion vitale, un sauve-qui-peut-les-mots.

Petit Poucet pas rêveur n’égrène plus
cailloux, père, mère
son stratagème, son terrible stratagème
l’empêche de s’endormir.

Cailloux au fond des poches crevées, les mots semés sont la revanche du plus petit qui n’avait pas voix au chapitre. Revanche du condamné d’avance, du perdu, du méprisé, du laissé pour… compte.
Le conte de Perrault, dans la forme et dans l’histoire, est scrupuleusement respecté. L’écriture est tonique, drôle, grinçante. Résolument moderne.
Sylvie Nève procède par escaliers, par analogies, par sauts de chaîne. Belle mécanique d’une poésie qui se met en branle. Poème ou conte expansé. Le recueil se lit d’une traite. Nadia Anémiche qui signe la mise en page y apporte sa pierre. Complice et facétieux, un petit caillou rouge accompagne le lecteur au fil des pages. Petit soleil qui finit par disparaître… dans la nuit l’au-delà du conte.

Il était une fois des bottes, des lettres
l’argent de lettres beaucoup d’argent
il était une fois mère, père, cailloux
il était une fois
grandes bottes petits cailloux
il était une fois
il était une fois.